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« Les entrepreneurs doivent arrêter de pleurer avec leurs clients »

Avec une campagne de 2024 marquée par les inondations et les sécheresse, les baisses de chiffre d'affaires des entrepreneurs ont oscillé entre 5 et 80 % selon les secteurs.

Réunis en congrès à Arles les 6 et 7 mars, les entrepreneurs de travaux agricoles (ETA) s’inquiètent des conséquences d’une année 2024 catastrophique et plaident pour la mise en place de prix réalistes pour leurs prestations.

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« Nous venons de vivre une année 2024 sans précédent dans l’histoire, martèle Philippe Largeau, le président de la FNEDT (Fédération nationale des entrepreneurs des territoires). Pour la première fois, l’ensemble du territoire a été impacté par les événements météorologiques et des baisses de rendement. » Selon les régions, les pertes de chiffre d’affaires des entrepreneurs ont oscillé entre –5 et –80 % avec une moyenne nationale autour de –20 %.

« Nous vivons une crise sans précédent et nous sommes un peu tout seuls, déplore Philippe Largeau. Les agriculteurs sont soutenus, ce qui est très bien mais nos ETA ne bénéficient d’aucun appui des banques ni de l’État. Et pendant ce temps-là, les en-cours des clients augmentent car nous leur servons de variable d’ajustement. Les ETA jouent les banquiers pour les agriculteurs. »

Flambée des prix des matériels

Cette baisse de chiffre d’affaires arrive au pire moment alors que les prix du matériel ne cessent d’augmenter. « Les machines ont flambé de 40 % en quatre ou cinq ans, constate le président. C’est un réel sujet d’inquiétude pour les entrepreneurs, qui sont de gros clients et renouvellent très fréquemment leur matériel. »

Dans les années compliquées comme en 2024, les conditions difficiles accélèrent l’usure des machines et donc leur remplacement. « Nous savons qu’il n’y a rien à attendre du côté du prix des matériels, ils vont continuer à augmenter. La question, c’est de savoir comment nous allons pouvoir continuer à travailler avec du matériel performant à des coûts qui restent raisonnables. »

Revoir le tarif des prestations

Pour la FNEDT, la solution passe par le calcul des vrais coûts de revient et par leur application pour calculer les prix des prestations. « Il faut arrêter de pleurer avec nos clients, suggère Philippe Largeau. La survie de nos entreprises est la priorité. À force de faire le tampon pour les autres, on subit soi-même. » Pour la FNEDT, l’établissement de prix réalistes est indispensable à la garantie de la pérennité de l’activité.

Philippe Largeau appelle aussi de ses vœux l’arrêt de la concurrence sur le prix du chantier. « Le territoire est suffisamment vaste pour que chacun puisse travailler à un prix correct, sans aller casser les tarifs pour piquer un marché à son voisin. Ceux qui prennent l’option de tirer le prix vers le bas, tirent tout le monde vers le bas », prévient le président.

Plus d’équité

L’autre priorité de la FNEDT pour la campagne de 2025 est d’être enfin entendue par les pouvoirs publics. « On ne peut pas d’un côté nous dire qu’on est incontournables et nous féliciter d’avoir augmenté notre nombre d’actifs de 60 % en dix ans pour ensuite nous fermer toutes les portes dès que nous demandons les mêmes avantages que les agriculteurs », dénonce Philippe Largeau.

La FNEDT pointe notamment les exigences qui pèsent sur les entrepreneurs pour les traitements phytosanitaires. « Nous devons être très rigoureux et nous l’acceptons. Ce qui est plus difficile à digérer, c’est que les ETA sont très contrôlés alors que les autorités ferment les yeux sur d’autres chantiers de traitement. » Le président pointe notamment les contrôles de l’Office français de la biodiversité (OFB), qui ciblent particulièrement les ETA. « Tout ce que nous demandons, c’est de l’équité. »

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